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Ce blogue est conçu pour permettre à notre famille et à tous nos amis de suivre cette belle aventure qu'est l'adoption de Lyvia au Vietnam en 2010, puis de celle de Liam en Chine en 2013. Elle a débuté il y a quelques années déjà et se continuera encore et encore...

lundi 5 avril 2010

Les infortunes de la Vertu

Nous sommes présentement le lundi 29 mars – les derniers jours ont été un peu fous, et je n’ai pas trouvé le temps de faire ma mise à jour quotidienne. Du coup, j’ai pris un peu de retard coupable – qu’à cela ne tienne, je fais amende honorable, et voici, en vrac, quelques mésaventures qui nous sont arrivées.

Tout d’abord, il faut savoir que nous avons fait une excursion de 3 jours (2 nuits) à Huê, l’ancienne capitale du Vietnam (jusqu’à la victoire des armées d’Hô Chi Minh en 1975). Maintenant, je ne vous ferai pas ici le récit des visites touristiques que nous avons effectuées dans cette fabuleuse cité – je conserve le tout pour une, voire deux autres entrées ultérieures. Pour l’heure, de simples tranches de vie qui ont pimenté notre séjour d’une franche rigolade (parfois seulement après coup…).


Vomit

Évidemment, il a fallu s’y rendre, à Huê. Nous avons donc, puisque que la ville n’est pas si loin de Danang, décidé de louer un autobus pour une poignée de millions de Dongs Vietnamiens (la monnaie du pays - et oui, de millions, parce qu’ici, nous sommes millionnaires; sauf que les millions, ils partent drôlement vite…). Nous sommes ainsi partis le midi du vendredi 26 mars, juste après avoir donné son biberon à Lyvia. Le trajet fut majestueux – et sinueux : la mince route serpentait le long de gigantesques collines dont la hauteur leurs permettent d’atteindre les nuages, lesquels caressent doucement, sur les flancs, une forêt, davantage une jungle, qui tapisse d’un vert éclatant ces collines dont la forme rappelle les bosses d’un chameau. Pendant que moi et belle-maman prenons clichés sur clichés, la route, elle, serpente, tourne, contourne, s’épingle, alors même qu’elle demeure perchée à quelques mètres d’un abîme qui donne sur des vallées où l’on devine quelques rizières. Le conducteur du bus manœuvre dans ce couloir insensé comme s’il s’était agi d’un circuit de Formule 1, dépassant allègrement les retardataires au milieu d’une courbe aveugle, klaxonnant sans cesse, dans cette manière démente de conduire, typique du pays, où le code routier n’est plus qu’un vague souvenir, une petite suggestion que nul ne respecte.

Au milieu du voyage, après un virage en épingle particulièrement corsé, j’entendis Nath dire, d’une voix calme : « Oh. Ça coule. », qui fut rapidement suivi par un véritable signal d’alarme : « Besoin aide! Besoin aide!!! VITE!!! », accompagné du clapotis et des éructations typiques de vomissements prononcés. Étant assis dans le siège en face de Nath, je me retournai promptement – juste à temps pour voir une scène digne d’un film gore : Lyvia vomissait des litres et des litres d’un liquide blanc nauséeux, qui eu tôt fait d’asperger non seulement le chandail, les pantalons, le visage et les cheveux de Nath, mas également la toiture, les sièges, le sol, les bagages, et tous les petits racoins de l’intérieur du bus… Le reste du voyage fut ainsi occupé non pas à photographier le paysage, devenu soudainement trivial, mais plutôt à limiter tant bien que mal les dégâts, puis, pour ma part, à essayer de traduire en vietnamien une explication et des excuses pour le chauffeur – qui eut droit, on s’en doute, à un pourboire (très) généreux…


Pipi

Le lendemain, soit le samedi 27 mars, après une longue journée de tourisme intense dans le tout Huê, dont le récit, je l’ai déjà dit, fera l’objet d’une chronique ultérieure, à peine arrivés dans notre superbe chambre d’hôtel (quatre étoiles s’il-vous-plaît! La meilleure chambre que nous avons eue de tout le voyage), il fallait évidemment changer la couche de Lyvia, qui se trimbalait avec la même depuis 9h le matin – et il était désormais passé 16h. Nath, qui avait pourtant transporté la petite toute la journée dans le porte-bébé, se porta volontaire pour ce qui nous apparaît déjà comme quelque chose de routinier. Ladite couche était lourde et humide de multiples pipis, et la peau de Lyvia, plissée, semblait soudainement respirer, libérée de cette culotte souillée. Lyvia, petite mademoiselle toute nue, dût certainement sentir alors une certaine forme de soulagement – puisque c’est exactement ce qu’elle fit. Elle pissa allègrement sur Nath, laquelle, entrecoupé de rires, lança à nouveau son fameux cri d’alarme : « Besoin aide! Besoin aide!!! VITE!!! ÇA COULE!!! ».


Pluie

De retour à Danang (après un séjour en bus cette fois sans encombre), dans l’après-midi du dimanche 28 mars, nous étions conviés, et c’était prévu depuis avant même notre départ de Dorval, à un festival international de feux d’artifices, semblable à celui qui se déroule, chaque année, au parc Jean Drapeau à Montréal. Bao Yen, notre sympathique, souriante et un peu timide guide et traductrice de l’agence d’adoption, nous avait procuré les billets et insistait pour que nous arrivions (très) tôt. Nous fûmes ainsi, à 16h30, parmi les premiers arrivés – alors que le coup d’envoi était prévu pour… 20h30. Au programme : la France, suivie juste après par les États-Unis. Le temps avait été maussade toute la journée : quelques bourrasques de vent, un ciel entièrement couvert, des averses aux intensités diverses. Notre arrivée sur le site ne signala aucunement le retour du soleil – bien au contraire. La fine bruine qui tombait se transforma, vers 17h, en une bonne pluie froide, qui ne cessait de s’amplifier. Nous dûmes acheter, d’un vendeur itinérant, des ponchos de nylon aux couleurs pastels pour tenter de nous protéger. Nous optâmes pour le bleu, qui nous semblait un peu moins, eh bien, laid, mais qui nous faisaient tout de même ressembler à une bande de Schtroumpfs misérables. Lyvia, dans le porte-bébé, sous la toile azur, pleurait sans cesse, alors que les secondes s’égrainaient moins vite que notre patience. Vers 18h, je regardai Nath, dont le visage, ruisselant d’une pluie toujours plus abondante et glacée, avait un nouveau tatouage qui lui barrait le front, d’une vulgarité que les circonstances pardonnent : ON DÉCR*SSE. Me voyant la dévisager, elle me demanda doucement si je voulais que nous continuions à attendre, me laissant le soin de décider. Évidemment, il n’y avait qu’une seule bonne réponse à cette question. Nous nous levâmes et, pour bien enfoncer le clou dans nos cercueils aqueux, nous mîmes une bonne demi-heure pour trouver un taxi afin de ramener nos carcasses trempées jusqu’à l’hôtel. Et au diable les pétards. (Pour ceux que ça intéresse, nous sûmes plus tard que la France gagna le concours.)


Cris

La matinée du lundi 29 mars marquait nos adieux de la ville de Danang, et notre départ pour Hanoi. Après s’être séparés, non sans tristesse, vu leur gentillesse et leur dévouement, de Mai Anh et Bao Yen (rappel : respectivement conseillère et interprète; guide et interprète fournies par notre agence d’adoption), nous avons pris un vol de Vietnam Airlines – en classe affaire s’il-vous-plaît. Ce coup-ci, nous pensions bien éviter les inconforts du long vol pour se rendre au Vietnam. À nous l’espace pour les jambes et la bouffe qui ne ressemble pas à un TV-dinner des années 1950! Certes, nous eûmes droit à tout cela. Mais le voyage fut loin d’être agréable pour autant. En effet, c’était le baptême de l’air de Lyvia (précoce voyageuse – davantage que son père!); mais celle-ci n’apprécia guère l’expérience. Même bien enveloppée dans la protection offerte par le Moa-Pô, son visage s’est d’abord crispé au moment même où la consigne des ceintures s’allumait. Et quelques secondes plus tard, un hurlement strident sorti de sa gorge, suivi par un flot ininterrompu de larmes. Lorsque la consigne des ceintures se termina, Nath, qui portait la petite, dû se lever debout, afin de la consoler – abandonnant ainsi le confort des sièges classe affaire. Nath est ainsi demeurée debout pendant tout le trajet…!

(Note : Les deux mésaventures qui suivent ont eu lieu après avoir écrit cette première section, et ont, en fait, été écrites le lundi 5 avril; mais étant donné la nature des événements dépeints, il me semblait approprié de les inclure dans la présente chronique.)


Crédit

Le mardi 30 mars (bonne fête Steeve!), nous sommes allés à l’ambassade canadienne pour finaliser la demande de citoyenneté et le passeport de la petite. Rien à dire là-dessus, mis à part qu’il s’agissait encore de paperasse confuse à remplir. En sortant de l’ambassade, nous avions convenu, avec les autres parents adoptants, que nous magasinerions les prix pour l’excursion à la baie d’Ha Long. Rien d’autre à dire là-dessus non plus, mis à part que nous avons trouvé quelque chose qui plût à tout le monde. Le lendemain, soit le mercredi 31mars (bonne fête Matthieu, Lili, Sophie, Maya!), tout ce beau petit monde s’est retrouvé au kiosque de l’agence touristique pour effectuer les réservations pour vendredi (le 2 avril). Ledit kiosque étant situé en face d’une banque, belle-maman en profita pour aller se retirer quelques millions de Dongs. Les réservations effectuées, nous sommes partis magasiner dans les rues à thèmes de Hanoi (ce sont vraiment des rues à thèmes : une rue pour les boutiques de chaussures, une rue pour les boutiques de sacs, une rue pour les jouets, une pour les vêtements, etc… C’est assez spécial!). Quelque chose comme deux heures plus tard, belle-maman s’aperçoit que sa carte de crédit est manquante : elle l’a oubliée dans le guichet. Branle-bas de combat, retour à la case départ… peine perdue. Claire a dû canceller sa carte; mais heureusement, aucune autre transaction n’avait été effectuée…


Petit maudit

Samedi 3 avril. Deuxième journée (de trois) de notre croisière sur la mythique baie de Ha Long, où nous abondonnons le navire pour prendre possession de notre chambre d’hôtel sur l’île de Cat Ba, où nous passerons une nuit, avant de réintégrer la jonque pour le trajet de retour. À peine mon sac à dos déposé, on sonne : c’est le porteur qui vient nous apporter nos bagages. Je me précipite vers la porte, dans le petit couloir de deux pieds laissé entre les commodes et les lits. Vous connaissez la Loi de Murphy? Oui? Non? En gros : tout ce qui peut arriver de pire va survenir. Mon pied heurte le pied du lit parce que je me précipite dans le couloir large de deux pieds. Je vous laisse deviner quelle partie du pied, le miens, a absorbé le choc : le petit maudit. L’avorton. Le dernier. L’obsolète. Celui qui fait le plus mal. Celui qui ne sert qu’à se cogner sur les pieds de lits et les pieds de chaise, et qui ne sert pas vraiment au pied pour marcher. Mais qui nuit en simonaque quand il fait mal, parce là, plus moyen de marcher! Tous les saints y passèrent, même ceux qui n’en sont pas, juste pour la forme. Je restai cloué au lit le reste de la journée, incapable de marcher. Parce qu’il faut savoir, que mon petit orteil du pied gauche, je me l’ai cassé au moins quatre ou cinq fois, sans exagérer (Loi de Murphy…). Je boite depuis. Et mon petit maudit, s’il n’est pas cassé, en tout cas, il est violacé. Je devrais peut-être en finir pour de bon, et l’amputer…


M.

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