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Ce blogue est conçu pour permettre à notre famille et à tous nos amis de suivre cette belle aventure qu'est l'adoption de Lyvia au Vietnam en 2010, puis de celle de Liam en Chine en 2013. Elle a débuté il y a quelques années déjà et se continuera encore et encore...

lundi 5 avril 2010

Les reliques d’Hô Chi Minh

24 mars 2010

Hô Chi Minh est au Vietnam ce que Ernesto « Che » Guevera est à Cuba.

L’Oncle Hô, comme il est souvent affectueusement nommé par le peuple Viet, était un philosophe. Un orateur inspirant. Un politicologue éclairé. Un juste dans un monde d’injustice, qui aimait son pays, et encore plus le peuple qui l’habite. Un homme qui lutta jusqu’à son dernier souffle, à l’âge vénérable de 79 ans, pour libérer les Viets du joug colonialiste d’abord de la France, puis de l’intervention (lire : de l’agression) des États-Unis. Son but : unir tout le Vietnam sous la bannière Rouge, celle du communisme, dont il avait une lecture très décentralisée et démocratique, très proche de celle que Karl Marx, à l’origine, c’est-à-dire avant les dérives stalinistes et maoïstes, prônait dans ses écrits.

Hô Chi Minh, vous l’aurez compris, était un révolutionnaire, dans tout ce que le mot a de plus terrible et romantique. Il est le père de la Révolution Vietnamienne, qui débuta en 1930 contre le colonialisme français avant de se terminer, quarante-cinq ans plus tard, avec la victoire contre les forces interventionnistes des impérialistes américains en 1975. L’Oncle Hô n’en verra toutefois jamais les fruits : il succomba le matin du 3 septembre 1969, de vieillesse, au plus fort des combats contre les américains.

Aujourd’hui, le mercredi 24 mars, nous avons visité le musée Hô Chi Minh à Danang, où nous fûmes surpris par deux choses.

Primo : la chaleur. Dehors, le soleil était éclatant, la température tournait, avec le facteur humidité, autour de 43oC mais, en contre partie, une douce brise rendait l’atmosphère agréable. À l’intérieur… c’était un four. Une lente momification par déshydratation complète. Aucune climatisation, sinon quelques ventilateurs que notre guide démarrait à mesure que nous avancions de salle en salle, dans une exposition qui s’étendait sur quelque chose comme trois bâtiments contigus. Lyvia, sereine, endura le tout de façon stoïque, dormant dans le confort du Moa-Pô, notre porte-bébé, bien collée contre moi, liée autant par une affection naissante que par une vague incessante de sueur. Je puais.b

Secundo : l’impopularité des lieux. Nous étions seuls – le musée entièrement à notre disposition, avec pour seul guide… le préposé à la billetterie, qui ne parle ni anglais ni français, et qui se contente d’ouvrir les lumières (et les ventilateurs) à mesure que nous progressons. La ville de Danang a plus de 850 000 habitants. Nous croisons régulièrement des touristes. Et pourtant… Personne ne visite les lieux – pas même les autres parents adoptants de notre groupe.

Je me l’explique mal. Je me confonds en hypothèses. Pourquoi ce désintérêt?

Est-ce l’exposition (permanente) à proprement parler? Celle-ci, bien qu’arborant le nom du chef révolutionnaire dont le portrait orne toutes les affiches officielles du Parti, porte moins sur le personnage que sur les 45 ans de révolution à proprement parler. Des centaines de photographies d’archives, des dizaines et des dizaines de reliques d’armes de l’époque, des coupures de journaux, des reproductions de pièges dans lesquels tombaient l’ennemi, des affiches de propagande, etc. Même des chars d’assauts, des avions, un hélicoptère, des canons! Mais à peine une dizaine de photos de l’Oncle Hô. Historiquement parlant, c’est une superbe reconstitution. Mais où est Hô Chi Minh?

On retrouve son visage à tous les pâtés de maisons, sur un slogan, une affiche, voire même un char allégorique. Partout, à tous les cinquante mètres, un drapeau vietnamien. Mais paradoxalement, trouver un T-Shirt à son effigie relève de l’exploit. C’est comme tenter de trouver un T-Shirt de René Lévesque au Québec…

…Mais étrangement, j’aperçois régulièrement des Vietnamiens portant des T-Shirts pro-américains. Et partout, de la pub, de l’ostie de pub. Des néons qui flashent, des boutiques, des magasins, des chandails Nike, des bécanes japonaises et des voitures coréennes avec leurs concessionnaires, encore des boutiques, des supermarchés, des centres d’achats, pas de McDo – mais des putains de PFK…

Communiste le Vietnam?

Il faut savoir qu’avec la chute du bloc soviétique (URSS et cie), en 1989, Le Vietnam perdait son allié. Parce que le Vietnam ne peut compter sur son voisin du Nord, la Chine – les deux pays se vouent une méfiance, voire une animosité, carrément ancestrale. Rappel : la Chine avait déjà conquis le Vietnam, lequel s’est révolté au 15e siècle. Et l’Empire du Milieu n’a jamais reconnu cette indépendance…

Du coup le Vietnam se sentait bien seul. Et comme le reste du bloc soviétique, le pays est passé à l’économie de marché en 1989. Sauf que contrairement à la Russie, le Vietnam a conservé son appareil législatif sous la domination du Parti Communiste.

Et c’est là que le bat blesse. Le communisme, par définition, est d’abord et avant tout une forme de répartition des richesses basée sur l’égalitarisme. C’est donc, avant d’être un appareil législatif, ou si vous préférez, un état, une forme d’économie.

Le Vietnam d’aujourd’hui, le Vietnam de Lyvia, est une forme tronquée de communisme. Un communisme législatif sans contrôle de l’économie. Un communisme qui n’en est pas un. Une apparence de communisme – un simulacre.

Partout, des drapeaux, des marteaux et des faucilles, des étoiles rouges, des uniformes de Gardes Rouges. Mais le peuple, lui, assiste à la création des inégalités qu’apporte l’économie de marché. Des ultra-pauvres côtoient une nouvelle classe fortunée. Et un communisme qui n’est pas égalitaire n’est pas un communisme.

Dans son testament, Hô Chi Minh disait : « La priorité devrait être donnée au peuple. » Il semble que certains ont délibérément oublié cette simple recommandation.

M.

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